Gammy sans famille 2ème partie

Publié le 13 juillet 2024 à 17:30

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Pattaramon est très contente, la première insémination a tout de suite été couronnée de succès. La dernière fois, le médecin l’a félicitée. Depuis, elle a hâte d’en finir et de toucher l’argent qu’Antonio lui a promis pour sortir sa famille de la misère. Aujourd’hui, elle doit passer une échographie. Elle n’a pas eu droit à un tel traitement de faveur lors de ses deux premières grossesses mais le client paye bien et il est intransigeant. Elle a des rendez-vous réguliers et obligatoires à la clinique d’Antonio. La sage-femme l’introduit immédiatement dans une petite cabine où elle doit s’allonger sur un lit et dégrafer son pantalon. La sage-femme lui badigeonne le ventre d’un gel froid avant d’allumer son écran et d’appliquer la sonde. Pat n’a jamais vu ça, on peut voir à l’intérieur de son ventre. La sage-femme ne lui dit rien, elle se contente de prendre des mesures sur son écran quand soudain, elle pousse un petit cri de surprise. Elle laisse tout en plan, la sonde, l’écran et Pattaramon interloquée et court dans la clinique en appelant Antonio.

Qu’a-t-elle vu?

Antonio revient, tous les deux sont très excités. La sage-femme discute avec lui sans tenir compte de la jeune femme. Pat essaie de percer ce mystère et regarde l’écran avec attention. Oui, on dirait bien qu’il y a deux embryons distincts et ce doit être la cause de l’excitation du personnel de la clinique.

Tu as bien travaillé, lui dit Antonio et il la félicite à nouveau.

Pattaramon se demande bien ce qu’elle a pu faire consciemment.

Antonio lui explique qu’il doit prévenir son client car normalement ce n’était pas dans le contrat, il ne devait y avoir qu’un bébé et non des jumeaux mais il se peut que le couple soit satisfait et donne même un peu plus d’argent. A cette évocation, le cœur de la jeune femme bondit dans sa poitrine et elle se met à rêver d’acheter une maison pour mettre à l’abri sa famille. La sage-femme fait entendre les cœurs des embryons et elle entend distinctement les deux battre très vite. Elle se sent émue alors que ce ne sont pas ses enfants. Elle sait qu’il ne faut pas s’attacher car il s’agit juste d’un travail pour de riches Australiens mais elle ne peut s’empêcher de penser à sa fille et son fils. Un sourire se dessine sur ses lèvres. La sage-femme éteint l’écran et lui donne une feuille de papier pour essuyer le gel. Elle lui fait signe de se rhabiller et de suivre Antonio dans son bureau. Pattaramon se sent toujours intimidée dans cet environnement luxueux et feutré, ses pieds s’enfoncent dans les tapis moelleux. Antonio lui parle très vite et lui explique toutes les précautions qu’elle doit prendre car attendre des jumeaux peut être compliqué. Il lui fait comprendre qu’elle doit se reposer et ne plus travailler. Pattaramon se dit qu’il est loin de comprendre sa situation. Elle doit travailler jusqu’à l’accouchement car l’argent a davantage tendance à quitter sa bourse qu’à y entrer. Elle hoche la tête néanmoins car elle n’ose jamais parler dans cet environnement si luxueux. Antonio lui fixe un rendez-vous le mois suivant et lui glisse un petit carton dans la main pour qu’elle n’oublie pas l’horaire. Pattaramon ne dit rien mais cela ne sert à rien de lui donner un carton, elle ne sait pas lire.

 

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Deux mois se sont écoulés depuis la découverte des jumeaux. Le ventre de Pattaramon s’est bien arrondi et elle sent bien les enfants bouger. Elle a beau essayer de se détacher de ce qui se passe à l’intérieur de son ventre, un lien est en train de se tisser dans sa chair entre elle et eux. Elle n’a pas le temps d’y penser pendant ses journées bien chargées, entre son travail de vendeuse de beignets, ses deux enfants, la maison à tenir propre, sa belle-mère à aider, les repas à préparer… Mais dès qu’elle se couche aux côtés d’Anan, ils se mettent à remuer et à danser en tous sens. A la dernière échographie, elle a appris qu’il y avait un petit garçon et une petite fille. Elle se demande quels visages ils ont, peut-être sont-ils blonds comme les blés car elle a déjà vu des Australiens et des Européens avec des cheveux jaunes. Elle se surprend à leur chercher des prénoms. Elle agite la tête pour se forcer à cesser cette rêverie inutile mais elle ne peut s’endormir tant que son ventre bouge en tous sens.

 

La dernière fois, Antonio lui a dit que le client est très content de recevoir deux enfants au lieu d’un et qu’il est prêt à donner un meilleur prix. Pattaramon était un peu déçue, un moment elle avait espéré pouvoir en garder un. Mais qu’aurait dit Anan? De toute façon, il n’en est pas question puisque le client prend les deux enfants. Il faut qu’elle s’endorme vite parce que le lendemain, elle doit passer des examens à la clinique avant d’aller au travail.

 

A l’aube, Pattaramon est la première debout. Elle prépare le petit-déjeuner pour toute la famille, elle pose tout sur la table puis prend le chemin de la clinique. Elle a subi de nombreux examens la semaine dernière pour vérifier que les deux petits lutins sont en pleine forme. Elle espère faire une échographie pour apercevoir l’espace d’un instant un petit profil mais quand elle arrive à la clinique, c’est Antonio qui la reçoit immédiatement dans son bureau. Il lui parle très vite comme à son habitude si bien que Pattaramon ne saisit pas au début ce qu’il lui dit. Elle comprend juste qu’Antonio n’est pas content. Pour une fois, il ne la félicite pas. Elle finit par comprendre que si la petite fille est en parfaite santé, le petit garçon, lui, est malade. Tellement malade que le client n’en veut plus et lui demande d’avorter.

 

Mais est-ce possible? Antonio lui explique que l’opération peut être dangereuse car elle peut déclencher un accouchement très prématuré pour les deux bébés mais que c’est possible et comme le client le demande, le client est roi et Antonio est prêt à le satisfaire.

Pattaramon est tellement choquée par ce qu’on lui demande qu’elle ose prendre la parole.

_ Jamais! S’écrie-t-elle.

D’ailleurs l’avortement est interdit en Thaïlande, Pattaramon est bouddhiste et le bouddhisme proscrit le fait de détruire toute vie fût-elle imparfaite.

 

(tiré d'une histoire vraie)

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