Gammy sans famille 1ère partie

Publié le 11 juillet 2024 à 12:15

“Beignets! Beignets! Qui veut des beignets?”

Pattaramon tient un stand de rue dans un tout petit baraquement dans un faubourg de Bangkok. Elle tient son petit dernier qui dort attaché sur une de ses hanches tandis qu’elle surveille du coin de l’œil sa plus grande qui patauge dans une flaque à quelques mètres. Entre deux clients, elle réfléchit à ce que lui a dit son mari la veille au soir. Un certain Antonio cherche des jeunes femmes pour un travail de quelques mois qui peut rapporter 500000 baths. Anan était très animé, il la pressait de se rendre à l’adresse indiquée, celle d’un hôpital à l’autre bout de la ville. Pattaramon et son mari ne s’en sortent pas, ils n’arrivent pas à faire vivre leurs deux enfants et la mère d’Anan avec leurs trop maigres revenus et ne réussissent pas à rembourser les dettes qu’ils ont fini par contracter.

Elle prend finalement la décision de se rendre le lendemain à l’adresse qu’Anan lui a donnée. Elle confiera le stand et la garde des enfants à sa belle-mère et se rendra à l’hôpital.

 

 

°°°

 

Quand Pattaramon entre dans la clinique d’Antonio, elle croit un instant s’être trompée d’adresse. Le hall est immense et luxueux, tout brille de propreté. Elle considère un instant ses claquettes et se dit qu’elle a l’air misérable dans un lieu aussi chic. Une jeune femme à l’accueil lui demande ce qu’elle cherche. Pattaramon est éblouie par cette bouche aux magnifiques dents blanches et aux lèvres glacées de gloss framboise si bien que la jeune femme doit répéter une deuxième fois sa question.

“Antonio” finit par bredouiller Pat.

C’est suffisant pour que la jeune femme comprenne.

_ Ah, vous venez pour l’annonce. Venez, suivez-moi, les autres sont arrivées.

Et elle l’introduit dans une pièce assez vaste où des dizaines de chaises ont été disposées pour l’occasion. Un homme se tient au milieu, certainement Antonio. Pattaramon s’assoit sur la première chaise qu’elle trouve le plus silencieusement possible. Lançant des regards à la dérobée autour d’elle, elle remarque que les jeunes femmes assises sur des chaises sont comme elles issues des classes les plus défavorisées, elles sont très jeunes et sont suspendues aux lèvres d’Antonio comme si leur vie en dépendait. C’est peut-être un peu vrai car si en quelques mois, elles peuvent gagner 500000 baths, c’est la certitude d’en finir avec les problèmes financiers qui les étranglent.

Les premières minutes, Pat ne comprend pas ce que dit Antonio. Au début, elle pensait qu’il s’agissait d’un emploi de femme de ménage dans la clinique mais ce n’est pas ça. Il s’agit de porter un enfant. Ça, tout le monde sait le faire, comme le dit Antonio qui déclenche quelques sourires et quelques rires.

Quoi? Porter un enfant permet de vous rendre riches?

Oui mais attention, il ne s’agit pas de son propre enfant, le travail consiste à porter un embryon d’un autre couple pendant neuf mois jusqu’à l’accouchement.

_ Vous ne pouvez pas vous imaginer combien les riches Australiens ou Japonais sont prêts à payer pour que vous portiez leurs enfants! déclare Antonio, déclenchant l’hilarité.

_ Combien? demande une jeune délurée.

_ Des centaines de milliers de baths!

Des rires fusent.

_ Moi je veux bien en porter un par an, s’écrie à nouveau la jeune délurée, j’achèterai une maison pour ma famille et je rembourserai mes dettes.

Elle est immédiatement applaudie.

_ Qui est volontaire? demande Antonio.

La plupart lève le doigt, Pat lève la main elle aussi. Anan sera content, le sort de la famille pourra être assuré pour un temps.

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