La cavale de baby M deuxième partie

Publié le 3 juillet 2024 à 12:36

Ding dong, ding dong!

_ Ouvrez, police!

Une pluie de coups s’abat sur la modeste porte de l’appartement.

_ Ouvrez, police!

 

L’ inspecteur allume sa lampe de poche, l’ampoule du couloir a dû griller.

Au mot “police”, tous les rais de lumière qui filtraient sous les portes des appartements du palier se sont immédiatement éteints. Seuls les chiens glapissent et s’étranglent derrière les portes. Les pleurs d’un bébé sont vite étouffés. L’agent balaie la pénombre du palier de son pinceau lumineux. Des câbles et des fils électriques pendent du plafond et une odeur tenace de soupe aux choux froide et d’excréments de chiens stagne dans l’air.

 

_ Ouvrez, police. Ou j’enfonce la porte.

On finit par entendre un verrou qui grince et une porte qui s’entrouvre, une voix de femme enrouée qui chuchote presque:

_ Je dormais, excusez-moi. Que se passe-t-il?

_ Vous êtes bien Mary-Beth Whitehead?

_ Oui c’est bien moi, que me voulez-vous?

_ Laissez-nous entrer, sinon on enfonce la porte.

Mary-Beth ouvre la porte, s’accroche aux agents:

_ Mais que voulez-vous? Je n’ai rien à cacher.

_ Au nom de la loi, je viens chercher Mélissa Stern que vous deviez rendre à ses parents. Vous n’avez pas honoré votre engagement, Mme Whitehead.

_ Elle n’est pas ici, il n’y a pas de Mélissa Stern ici.

_ Je vais être obligé de fouiller les lieux et il fait signe en ce sens à ses subordonnés qui commencent à ouvrir les portes, les tiroirs.

Pendant que le linge vidé des placards s’amoncelle sur le sol, Mary-Beth pleure, se pend à l’imperméable des agents.

_ Mais je vous dis qu’il n’y a pas de bébé ici.

_ Chef, venez voir.

L’inspecteur se précipite dans la pièce. La chambre est vide, la fenêtre largement ouverte. On distingue un homme courant au loin avec un paquet emmitouflé et une valise.

_ Quand je vous disais, inspecteur, qu’il n’y avait pas de bébé ici, triomphe Mary-Beth.

 

 

°°°

 

 

Ding, dong, ding, dong!

Mary-Beth se pend au cordon de sonnette et donne une pluie de coups sur la porte de la chambre du motel.

_ Richard, dépêche-toi, ils nous ont repérés, nous devons fuir!

Ding dong, ding dong!

_ Ouvre-moi, Richard!

Richard finit par ouvrir. Visiblement il vient de se réveiller alors qu’il est 16 heures. Sarah s’époumone dans les bras de sa sœur Tuesday qui la promène dans la chambre. Il se frotte les yeux.

_ Dick, tu as encore bu.

_ Non, à peine, répond-il d’une voix pâteuse.

_ Il faut se dépêcher, on se disputera plus tard. Tuesday, aide-moi à faire les bagages. Dick, va chercher la voiture et tiens-toi prêt à démarrer, ils arrivent, nous devons fuir.

Et tandis que la mère et la fille lancent le linge éparpillé dans la chambre à toute vitesse dans la valise ouverte, Richard titube jusqu’à la voiture. Mary-Beth hurle en entendant la sirène de police:

_ Dépêchons-nous!

Elle se jette dans l’escalier qu’elle dévale quatre à quatre, Sarah dans les bras et Tuesday sur les talons, tenant la valise à bout de bras. Richard les attend juste au coin de la rue, il a même ouvert les portes de la voiture. Et tandis qu’elles s’engouffrent en trombe, il appuie sur l’accélérateur.

Trop tard!

La voiture de police vient de les repérer et de les prendre en chasse.

_ Richard, fais quelque chose!

Sarah est un paquet hurlant dans ses bras. Tuesday et la valise sont ballottées dans tous les sens sur la banquette arrière tandis que Richard tourne à la dernière seconde dans des rues tantôt à droite tantôt à gauche pour échapper à la police. Les piétons s’écartent avec des yeux effarés. Richard accélère encore, Mary-Beth se cramponne à la banquette d’une main et à Sarah de l’autre. Tuesday se cogne d’un côté puis de l’autre, la valise finit par s’ouvrir et à vomir le linge roulé en boule.

 

Finalement, Dick ralentit un peu, il a semé la voiture de police. Leur folle course-poursuite les a menés le long du littoral. Un panneau indique Pensacola à 80 miles.

_ On va faire un peu de tourisme, Mary-Beth?

_ Je n’y suis jamais allée mais il paraît que c’est très beau et qu’il y a de belles plages. Ça te dit, Tuesday?

La gamine répond par un large sourire. Toute la famille respire devant ce nouveau répit, la joie illumine leurs visages, les fait paraître plus jeunes, allège leurs soucis, défroisse leurs joues.

Dick allume la radio, baisse la vitre et passe son bras au-dessus de la portière. Il fait semblant de jouer de la guitare tout en gardant une main sur le volant. Sarah goûte elle aussi l’allégresse générale et se met à babiller comme un oiseau. Mary-Beth rayonne.

_ Tu vois qu’on a réussi une fois encore honey!

_ On va aller dans un motel sur la plage? demande Tuesday.

_ On va chercher un endroit tranquille, tout près de la mer, pour quelques jours de vacances. Tu aimes les vacances, Tuesday?

 

Bien sûr qu’elle aime les vacances! Voilà près de deux mois qu’elle ne va plus à l’école et ça ne lui manque pas. Bien sûr, depuis que ses parents l’ont emmenée dans une folle cavale, elle et sa sœur, pour échapper aux griffes du couple Stern qui leur envoie toutes sortes de sbires pour leur voler Sarah, les choses ne sont pas de tout repos. Ils doivent parfois reprendre tout ce qu’ils ont en quelques minutes pour reprendre leur course, parce qu’ils ont été repérés.

 

Mary-Beth a juré qu’elle ne rendrait jamais Sarah, qu’elle était la chair de sa chair et qu’autant se couper les deux jambes.

(...)

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