Une intervenante sur Facebook a cru bon de laisser un commentaire lapidaire et obligeant en dessous d’ une de mes publications sur la naturopathie: “Pseudoscience...” lâche-t-elle en me donnant des extraits fort longs et surtout très ennuyeux d’un article dont elle ne donne pas les références si ce n’est le titre: “La naturopathie est une béquille pourrie.” Le ton est donné.
Pour vous résumer ce qui prendrait trop de place ici, je dirais que la journaliste part d’un conseil malheureux donné au Canada par un naturopathe pour salir toute une profession dans tous les pays francophones. L’astuce est connue et il n’y a pas besoin d’aller jusqu’au Canada pour la retrouver, il suffit d’ouvrir les pages des journaux français du Monde ou du Figaro pour lire tout un stock d’articles visant systématiquement la naturopathie en partant toujours d’un fait unique. Ces snipers de l’information récusent le terme de science à une discipline qui ne la réclame pas par des procédés bien peu scientifiques. Car la technique de l’amalgame n’a rien de scientifique et d’ailleurs dans de nombreux domaines, elle fait même frémir d’indignation les vertueux, vertueux qui se taisent quand on touche à la naturopathie. Pour donner un exemple et pour rester dans le domaine dentaire, c’est comme si un dentiste dans un pays avait raté un amalgame sur une dentition et qu’on disait sur tout un continent qu’il ne fallait plus aller voir de dentistes car ils ne sont “qu’une béquille pourrie” ou “une pseudoscience”. Avis à tous ceux qui ont mal aux dents: Prenez votre mal en patience, ça risque d’être long.
La journaliste poursuit ensuite en évoquant une enquête au Canada sur les herbes médicinales contenant apparemment du Viagra, de la salmonelle et des multivitamines non homologuées. Là encore, la journaliste que je n’irais pas jusqu’à qualifier de pseudo en profite pour jeter le discrédit sur toute la phytothérapie et finalement tout ce qui contient des plantes. Cela risque d’être compliqué dorénavant si on doit devenir végétarien pour sauver la planète et … ne plus consommer de végétaux.
Alors je remercie cette commentatrice Facebook qui n’a pas pris le temps d’argumenter elle-même mais a cru intéressant de me donner des extraits d’article aussi affligeants. Elle m’offre en effet une tribune en or pour présenter ma discipline.
D’abord ce qu’elle n’est pas:
- La naturopathie n’est pas une science et ne le revendique pas. Elle ne menace en rien la médecine traditionnelle car elle en est complémentaire. Un naturopathe travaille toujours avec et non contre le médecin. Simplement, il propose une approche différente car elle n’est pas basée sur les symptômes mais sur la globalité de la personne. Il s’attache également à trouver la cause. Les conseils qu’il prodigue sont donc totalement adaptés au client et non pas au symptôme.
- La naturopathie, ce n’est pas soigner avec les plantes: si la phytothérapie peut jouer un rôle, là encore, il s’agit d’un rôle complémentaire. Si un naturopathe peut conseiller des compléments alimentaires, c’est juste pour accompagner son travail de rééquilibrage dans plusieurs domaines: l’alimentation bien sûr mais aussi la gestion des émotions, le mouvement, la respiration…
Le premier principe sur lequel repose la naturopathie est le “Primum non nocere” édicté par Hippocrate lui-même que l’on présente comme le père de la médecine occidentale et qui a vécu au Vème siècle avant JC. Cela signifie: “D’abord ne pas nuire”. Et c’est fondamental car si la journaliste citée par la commentatrice sur Facebook dévoile une étude qui montre des traces de salmonelle et de Viagra sur des herbes médicinales, elle passe sous silence les nombreux effets secondaires des médicaments homologués qui sont loin d’être anodins.
Enfin, est-ce la faute des naturopathes si une loi absurde sur le numerus clausus chez les médecins a fait baisser drastiquement leur nombre si bien qu’on est obligé en France de dépouiller les pays francophones de leurs propres médecins pour nos besoins personnels alors que nos enfants sont évincés pour un quart de point à la fin de leur première année de médecine qu’ils ne peuvent pas redoubler? Est-ce notre faute si de plus en plus de médecins, par manque de temps, refusent de se pencher sur des cas de SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) ou de fibromyalgie? Est-ce notre faute si les médecins, par manque de temps toujours, donnent à la chaine des antidépresseurs ou des somnifères pour soigner des troubles du sommeil alors que cela ne soigne pas et ne fait que rendre les patients addicts?
Ainsi pour résoudre la quadrature du cercle, ce qui ne manquera pas de faire plaisir à la commentatrice qui parle de “pseudoscience”, les naturopathes sont appelés à jouer un rôle croissant pour apporter des solutions à ceux que la médecine n’a pas le temps de prendre en charge et à ceux auxquels elle n’apporte pas de solution satisfaisante. Le naturopathe prendra toujours plus de temps qu’un médecin et cherchera toujours la cause plutôt qu’à supprimer la conséquence.
On peut toujours trouver des “béquilles pourries” dans toutes les professions mais commençons par dénoncer celles qu’on trouve dans le milieu du journalisme, une profession qui fait bien trop peu son autocritique.
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