Hans Selye est un pionnier des études sur le stress. D’ailleurs, c’est lui qui a forgé le nom “stress” du latin “stringere: serrer” et de l’anglais “stress: tension mécanique”. Il a été le directeur de l’Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l’université de Montréal.
Il avait une formule qui est restée célèbre pour désigner les deux solutions face au stress: fight or flight: se battre ou fuir.
Plus tard, le biologiste français Henri Laborit, immortalisé par le réalisateur Alain Resnais en 1980 dans Mon oncle d’Amérique, a montré qu’il existait une troisième voie qu’il a appelée “l’inhibition de l’action”, une sorte de “paralysie situationnelle”. C’est cette inhibition qui conduit à des troubles neuro-psycho-immunologiques que l’on connaît de plus en plus dans nos sociétés.
Henri Laborit a procédé à une expérience sur des rats en cage appelée “expérimentation de la cage d’inhibition”. Cette expérience est montrée dans le film d’Alain Resnais, je vous donne le lien vers l’extrait en fin d’article.
Expérience 1: un rat est placé dans une cage à deux compartiments dans le sol est grillagé. Pendant une semaine, dix minutes par jour, le rat est soumis à un courant électrique auquel il peut échapper en passant dans le deuxième compartiment. Quelques secondes après, il doit à nouveau aller se réfugier dans le premier compartiment pour échapper au choc électrique du second. Ainsi dix minutes par jour, pendant une semaine, il est soumis à des va-et-vient pour échapper au désagrément du courant électrique. A la fin de l’expérience, des scientifiques constatent que le rat est en excellente santé.
Expérience 2: cette fois-ci, on place deux rats dans le premier compartiment en fermant l’accès au deuxième. Ainsi, ils sont obligés de subir le courant électrique. Ils deviennent vite agressifs, se battent à grands coups de dents et de griffes. Au bout d’une semaine, les scientifiques constatent que malgré quelques griffures, leur santé est excellente.
Expérience 3: un seul rat est placé dans le premier compartiment, l’accès au deuxième est fermé. Il subit seul le courant électrique. A la fin de la semaine, les scientifiques constatent que le rat est dans un état lamentable: perte de poids, lésions ulcéreuses de l’estomac et une hypertension artérielle qui persistera plusieurs semaines.
Ainsi comme l’explique Henri Laborit dans Mon oncle d’Amérique, l’homme moderne est souvent placé dans le troisième cas: il ne peut ni fuir ni se battre et subit les dommages du stress sur sa santé physique et mentale. Au travail, par exemple, un employé ne pourra pas forcément fuir (démissionner) parce qu’il a des traites à payer ou une famille à nourrir et il ne pourra pas se battre avec son patron (même si ce n’est pas l’envie qui lui manque!).
C’est ainsi qu’un stress durable s’installe insidieusement.
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