La journée s’annonçait chargée. Tous les jours, je cumule plusieurs emplois: je rêve de vivre de ma plume mais les trois romans que j’ai déjà écrits dorment dans un dossier de mon ordinateur car ils ont tous été refusés par les maisons d’éditions. Je suis correctrice sur la plateforme Safebook dans un groupe privé qui met en relation des auteurs et des correcteurs mais comme cela ne m’aide pas trop à payer le montant astronomique de mon tout petit studio parisien et que Bébert n’est pas un colocataire très coopérant sur le plan financier, qu’il est non seulement gourmet mais aussi gourmand, il faut bien que j’ai un emploi qu’on dit alimentaire. C’est pourquoi, j’occupe un poste chez Gibert jeune dans le Quartier Latin, ce qui me permet de rester proche de mon ancien terrain de jeux quand j’étais étudiante.
Chez Gibert jeune, mon N+1 comme on dit, mon responsable direct, est à tomber. Même les dieux grecs ne lui arrivent pas à la cheville. La petite trentaine triomphante, barbe de trois jours artistement travaillée, cheveux mi-longs légèrement ondulés, la chemise impeccable sur un torse impeccable, de larges épaules, une petite taille… Je m’égare! Et surtout il dégage un tel charisme que je n’ai pas encore osé le regarder dans les yeux, j’ai peur d’y trouver de la pitié pour le misérable vermisseau que je dois représenter pour lui. Il faut voir comment toutes les étudiantes lui tournent autour, elles lui font des avances explicites qu’il accepte avec un grand naturel et beaucoup de professionnalisme. D’ailleurs quelle cruche je suis chaque fois qu’il s’approche de moi! Je me cogne aux meubles, je file mes bas, je fais tomber des piles de livres, j’ai toujours l’air ahuri. Bref, il me plaît mais ce n’est pas réciproque.
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